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Photo du rédacteurpilhacplansonnier

Avancer dans sa vie

Tous les ans, quand arrive le 1er janvier, je fais un petit bilan de mes activités de l'année qui vient de passer, je prends quelques nouvelles résolutions, et je pose aussi un nouveau projet.

L'an dernier, j'avais imaginé le challenge de sortir les manuscrits qui traînaient depuis quelques décennies dans mes tiroirs, afin de leur donner une nouvelle vie. Nous sommes en avril et quatre livres sont édités. Un autre manuscrit est en cours de correction, et deux autres sont en cours d'écriture.

Fonder une famille, élever mes enfants, être une mémé gâteaux, mais aussi créer des ateliers, aboutir dans une recherche, terminer un livre, trouver la maison de mes rêves, l'ouvrir aux autres, autant de projets qui m'ont portée.


Avoir des projets, se motiver pour les atteindre, c'est le pigment de la vie. Mais parfois, on peut prendre conscience que la motivation qui nous a boosté au début retombe au fil du temps. Quelques mois passent et on s'aperçoit qu'on a pas vraiment avancé, qu'on piétine, qu'on procrastine. Pourquoi ?


– Parce que ça va être difficile.

– Parce qu'il va falloir travailler.

– Parce que l'on doute de soi.

– Parce qu'on pense, finalement, que c'est un projet utopique.

– Parce qu'on a peur de l'échec et de ses conséquences (cf. Le regard des autres 1/2 et Le regard des autres 2/2)

– Parce qu'on ne sait pas trop comment le concrétiser.

– Parce qu'on a pas le temps, pas l'argent.

– Parce qu'on nous a appris qu'un tiens vaut mieux que deux tu l'auras.

– Parce qu'on préfère ne pas prendre de risque, et que finalement, ça va bien aller comme ça jusqu'au bout.

– Parce qu'on a perdu le fil du projet, qu'il est noyé sous d'autres idées, d'autres projets.


Les raisons sont diverses et multiples. Toutes ces barrières et croyances limitantes ne sont que des prétextes pour éviter une seule chose : la zone d'inconfort.


La zone d'inconfort


Dans la construction d'un projet, on se trouve toujours dans ce moment, cette zone face à des incertitudes, une zone de changement où l'on ne se sent pas vraiment en sécurité. C'est inconscient, mais nous rechignons à quitter la zone de confort, celle que nous connaissons bien, à laquelle nous sommes habitués. Car il s'agit bien de cela : l'habitude. Cette faculté qu'a notre cerveau à nous pousser à utiliser plutôt les connexions établies. Pourquoi quitter une zone où la routine domine ? Ces habitudes, ces routines, qui permettent une prise en charge sans effort, une prise en charge automatique de nos comportements.

Certes, les automatismes sont une bonne chose : ils nous permettent d'économiser un peu de cette énergie que consomme notre cerveau (il consomme 20% de notre énergie !). 80% de nos activités sont gérées par le cerveau en mode automatique. Moins je me casse la tête, moins je consomme d'énergie.

Oui mais… si la pile Wonder ne s'use que si l'on s'en sert, notre cerveau, lui, s'use si l'on ne s'en sert pas. En effet, plus l'on se sert de son cerveau, plus les neurones vont communiquer, plus les connexions vont se multiplier*. Par contre, si vous n'activez pas vos neurones, les connexions inutilisées vont être éliminées. USE it or LOSE it.


Rester dans une petite vie bien organisée, bien routinière, bien structurée, apporte un sentiment de sécurité, une impression de tout maîtriser. Pas de souci, pas de contrariété, pas d'imprévu, une bulle de confort ! Mais petit à petit, notre cerveau (qui est en mode économie d'énergie, sans trop travailler) va en pâtir, perdre des connexions neuronales, perdre donc de la matière grise.




"Vous pensez que l'aventure est dangereuse ? Essayez la routine, elle est mortelle."

Paulo Coelho - Romancier, journaliste brésilien.



Une nouvelle idée naît, un projet. Par exemple : "Je veux ouvrir des chambres d'hôtes". On est enthousiaste. Quand l'idée naît, on zappe à ce moment-là toute la période "développement - réalisation" et on visualise directement le but atteint.


Pour avancer dans la concrétisation du projet, il va falloir faire un plan, développer les points à étudier, Nos droits ? Le financement ? Dans quelle région ? Quel style ? Comment sera l'organisation ?

Les difficultés vont alors commencer à surgir. Il va falloir changer de vie. Est-on prêt à changer de vie ? Il va falloir taper dans l'épargne ou faire un crédit ? Est-on prêt à se dépouiller pour investir ?


Dans tout projet, entre l'idée et la réalisation, il y a un gouffre où sont empilées toutes les étapes de développement. Il y a les peurs, les doutes, les incertitudes, l'insécurité... C'est le thème du livre que j'ai sorti en décembre 2021 : Moana no te hau :




Cécile, l'héroïne du roman est jetée dans une vie qui ne lui apporte pas l'épanouissement qu'elle souhaiterait. Un incident lui fait prendre conscience qu'elle s'éloigne chaque jour un peu plus de ses aspirations profondes. Elle émet l'idée de quitter son mari, cette vie peu prometteuse et avec ses enfants, de partir pour réaliser un rêve : traverser les océans à la voile.

Je décris tout ce qui l'habite avant, pendant et au moment de la concrétisation de ce rêve. On trouve toutes ses questions, toutes les réflexions, tout ce qui a érigé les barrières pour entrer dans l'élaboration du projet. Puis elle prend conscience qu'elle n'avance pas. Elle tente alors d'analyser ce qui l'empêche d'entrer vraiment dans la construction du projet. Viennent ensuite les solutions. Parce qu'il y a des outils qui permettent de cibler les diverses voies pour dépasser les croyances limitantes et sauter à pied joint dans la réalisation d'un projet.


Si tout le monde peut rêver, réaliser ses rêves n'est pas à la portée de tout le monde.


La première chose à faire est de booster et assurer sa motivation. C'est elle qui donnera le peps tout au long des étapes suivantes. C'est votre motivation qui va vous emporter jusqu'à la réalisation de votre projet. Négliger cette étape, serait réduire les chances de réussite. Bien définir de façon clair pourquoi on se lance dans ce projet. Attention, je n'ai pas dit définir comment on se lance dans le projet, mais bien POURQUOI ! J'insiste bien : POURQUOI on se lance dans le projet. Inscrire sur un support visible à tout moment ce pourquoi est indispensable. Tout au long de l'élaboration du projet, des difficultés vont survenir. Les moments de découragement, parfois même dégoût, écoeurement vont vous envahir. Si la motivation est bien définie, bien ancrée, vous passerez toutes les barrières.


Quelle est votre motivation ?


Gagner de l'argent ? ou faire mieux que les autres ? Ce ne sont pas des buts en soi ! Trouvez quelque chose de sain, qui vous portera vraiment, perdurera jusqu'au bout du projet et au-delà. Quelque chose qui vous permettra, par exemple, de vous accomplir. Quelque chose qui vous fera grandir. On apprend toujours de ses expériences, qu'elles soient positives ou négatives. Vos standards personnels auront évolué, et ce potentiel nouvellement acquis vous permettra de réguler vos comportements dans beaucoup de domaines. Il faut tirer de toute expérience, quelle que soit sa direction, une transformation du soi sur une courbe ascendante.

Cherchez bien, en vous, tout ce que ce projet pourra vous apporter. Trouvez de bonnes motivations. Notez-les. C'est important, parce que ce sont elles qui vont nourrir votre enthousiasme et développer votre passion pour ce projet.


Alors seulement, bien gonflé.e par les motivations, vous allez passer à la deuxième étape : planifier votre plan d'action.

Posez l'objectif principal de votre projet.

Puis éclatez-le en sous-objectifs : Quitter la vie que vous avez aujourd'hui ? Changer de lieu ? Vendre un bien ? Quitter ses parents, son conjoint ? Quitter son boulot ? Investir ? Emprunter ?

Classez-les par ordre de priorités : 1.- 2.- 3.- etc

Vous pouvez ensuite reprendre chaque sous-objectif avec les tâches à exécuter (contacts à prendre, recherches, dossiers, achats de matériel, contacts à établir, etc...). Certains sous-objectifs ne demandent pas de tâche particulière, simplement un état d'esprit.

Définissez le temps que vous avez (ou que vous vous donnez) pour réaliser le projet. Un an, deux ans ? Vous pouvez alors planifier les tâches (consignez-les par écrit). Donnez-vous la possibilité de les décaler... on ne maîtrise pas toujours les délais impartis. Mais le fait d'avoir un calendrier avec des dates butoirs permet de ne pas avancer à l'aveuglette. Chaque action cochée sur le calendrier est un quick win. Un quick win c'est une petite modification, une petite mesure toute simple que l'on met en place et qui s'ajoutant aux autres a une résonnance phénoménale sur le projet.


Si vous n'avancez pas, ce n'est ni la faute à Voltaire, ni celle du voisin, pas plus que celle du monde entier. Chercher à se déculpabiliser ne permet pas d'avancer. Ne vous découragez surtout pas, dites-vous simplement que tout ne fonctionne pas toujours comme sur des roulettes bien huilées. Essayez autre chose, modifiez votre première approche et tentez de trouver un autre moyen. C'est à force de persévérance que l'on arrive à se dépasser.


On a rarement toutes les compétences pour avancer dans un projet. Il convient donc d'étudier celles que nous pouvons mener parmi les tâches définies, et chercher à s'entourer de personnes qui pourraient nous aider à assurer celles qui sont hors de nos compétences.


Motivation, plan d'action, planification des tâches, blindage, tout est prêt. Il est temps de se lancer et de passer à l'action. Ne restez jamais plusieurs jours sans rien faire pour avancer dans votre projet. Chaque jour vous devez ajouter une graine, si petite soit-elle. Point après point, vous approcherez du dénouement.


Un vrai projet nous tient à cœur. Mais en y travaillant chaque jour, on grignote les listes du planning. Attention toutefois à ne pas en faire une obsession. Dans la journée, se donner un temps pour avancer, mais ne pas oublier l'heure à laquelle il faut fermer le dossier, le ranger dans le tiroir, fermer la porte du placard en se disant : "Voilà, je ne le rouvrirai que demain". Déconnecter. Après avoir respecté cette pause, vous être détendu.e, reposé.e, vous reviendrez l'esprit clair, l'énergie refaite pour réfléchir et agir efficacement. Travailler régulièrement à petites doses est plus efficace que travailler d'un coup jusqu'à saturation.


Vous avez un projet, un rêve ? Imaginez l'impact qu'il pourrait avoir sur votre façon de vivre. Quelles émotions vous habiteraient chaque jour de votre vie future ? Comment serait-elle ? Définissez l'importance, la place que vous lui donnez dans vos priorités. Et si vraiment vous tenez à le réaliser, je crois qu'il n'y a pas de secret : vous aurez besoin de maîtriser le temps, l'effort et le travail pour arriver à en faire une réalité.


Le rêve et les priorités


Depuis toute petite, mon rêve, c'est de marcher. Aller du nord au sud, d'est en ouest, pour découvrir comment est cette Terre où nous vivons. A l'aube de ma vie d'adulte, je rêvais encore de ça, courir le Monde, gravir les montagnes, traverser les mers, voir jaillir les volcans, explorer. Au soir de ma vie, j'en rêve encore !

Mais la vie, ce n'est pas 100% de plaisirs. Même quand on vit son rêve. Parce que sur cette Terre, pour survivre, il faut assurer l'essentiel et que cet essentiel est loin d'être gratuit.

J'ai bien compris que si je partais mon sac sur le dos, ce ne serait pas forcément toujours comme un rêve, qu'il y aurait une bonne partie de galères. Parce que quand on vit, on a maints besoins primaires à satisfaire : manger, s'héberger, s'habiller. Alors, il faut jongler, faire de cet essentiel une priorité, pour que le rêve ne devienne pas un cauchemar.

C'est un équilibre subtil à trouver. Gestion du temps, de l'énergie, état d'esprit (motivation), cocktail d'émotions, un dosage pointu.


Du rêve à la passion...


Vivre sa passion n'est pas toujours vivre en harmonie. Cela peut aussi avoir un côté obscur, qui consume, isole. Attention à ce qu'elle ne devienne pas destructrice. Vient un moment où on ne compte plus les heures qu'elle consomme, l'énergie vitale que l'on donne, où elle envahit tout, prend le pas sur les loisirs, sur les relations avec un compagnon, sur toutes les autres choses de la vie, et même sur le temps à donner pour assurer l'essentiel ! Ne pas y renoncer, mais simplement la doser, garder une place pour sa passion, mais qu'elle n'empiète pas sur l'autre place, celle qu'on doit garder pour construire sa vie. Ne pas y renoncer, mais doser la passion pour ne pas passer à côté de toutes ces belles surprises que nous réserve une vie. Ne pas y renoncer, mais la maîtriser, pour qu'elle ne fasse pas de la vie un enfer.


Je n'ai peut-être pas vécu mon rêve. Mais je n'ai pas renoncé à ma passion et tout au long de ces 70 ans de vie, j'ai marché. Je suis allée au nord, au sud, à l'ouest et à l'est. Je n'ai pas passé ma vie sur les chemins de traverse mais j'ai composé, dosé, tout en alternant mes pas, j'ai pu construire d'autres projets qui m'ont comblée, vécu d'autres amours, éprouvé tant d'autres plaisirs sans renoncer à celui de marcher du nord au sud, etc. Je réalise aujourd'hui qu'il aurait été tellement dommage de passer à côté de toutes ces vies.



Ce texte est dédié à Cathy, Guillaume et à Charlie

*1


Les dendrites sont les prolongements ramifiés des neurones. C'est la structure réceptrice de l'influx nerveux, des neurotransmetteurs et des stimuli provenant des autres neurones.

Dans une chaine de neurones, ces dendrites établissent les connexions. Le schéma ci-dessus montre du schéma 1 au schéma 5, l'évolution de la multiplication des ramifications d'une dendrite. D'où l'intérêt de faire travailler nos neurones, afin de favoriser la ramification des dendrites et créer de nouvelles connexions. Si vous ne faites pas travailler vos neurones, retournez l'image, vous verrez un appauvrissement des ramifications, donc des connexions, donc de la matière grise.






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