
Qu'est ce que c'est, et à quoi ça sert ? C'est négocier avec soi-même. Dans certaines circonstances, certaines situations, l'individu réagit "automatiquement", en laissant aller ses pulsions, en laissant monter les émotions. La négociation intérieure, c'est avoir conscience de toutes ses émotions, ses pulsions, savoir cibler ses mécanismes "par défaut". La plupart sont bien connus parce qu'ancrés dans le commun des mortels. Ces mécanismes par défaut sont bien souvent menés par l'ego, c.f. ici La négociation intérieure, c'est un travail en profondeur qui permet de libérer l'espace intérieur pour pouvoir réagir consciemment, volontairement et de manière appropriée, même dans les moments difficiles de notre vie.
Dans son livre 'Découvrir un sens à sa vie' le Dr. Viktor Frankl (professeur autrichien de neurologie et de psychiatrie) dit : "Entre le stimulus et la réponse, il y a un espace. Dans cet espace se trouve notre pouvoir de choisir notre réponse. C'est dans notre réponse que se trouvent notre croissance et notre liberté."
Entre le stimulus et la réponse se case la négociation intérieure. Comment gérer tout cela ? En apprenant à cibler et adopter des points de vue différents et à les traiter avec beaucoup d'empathie et de compassion.
Tout individu dans ce monde est confronté à la maladie, au vieillissement et à la mort, mais aussi aux catastrophes naturelles ou à celles dues à l'action de l'homme. Il est confronté à des trahisons, à divers manquements, and so on.

On peut s'isoler du monde, on ne se protégera pas des souffrances. Se retirer du monde, c'est se protéger de certaines agressions effectivement, mais on érige des barrières qui ôtent toute liberté, et surtout tout espoir de croissance. C'est ne pas vouloir des responsabilités, c'est refuser de se voir confronté à des choix, n'est ce pas une forme de lâcheté. La croissance ne se fait que progressivement, en élargissant son espace vital, en s'engageant, en multipliant les nouvelles situations, les expériences. On accepte les défis, les challenges, on avance, on connaît des victoires (sur soi-même !), on se plante, oui, bien sûr, mais dans l'erreur on se construit.
L'être est vulnérable et mortel et nous devons faire avec cela et ne pas oublier de nous ouvrir largement à ce qui nous est offert : une vie. Ne dites jamais à quelqu'un qu'il n'est pas dans vraie vie, la vraie vie ça n'existe pas !!! Il y a une multitude de vies. A chacun d'aller sur des chemins où il trouvera la sienne.

Se reconnecter à soi-même, ne pas se laisser mener par le courant de ses pensées et essayer de ne pas y réagir impulsivement, connaître les mécanismes qui nous animent, apprendre à reconnaître et maîtriser ses émotions, c'est un travail intérieur de long haleine qui se fait au fil du temps. Au fil des années vécues, on avance vers une formidable libération. Cela laisse dans l'esprit toute la place pour se concentrer sur la direction qu'on veut vraiment donner à sa vie. Ce travail ne s'achève qu'à la mort.
Travailler son état d'esprit. A la base est l'état d'esprit dit "impulsif", orienté vers soi. L'individu doté de cet état d'esprit étroit va être commandé par son ego : 'les autres sont nuls, le monde doit tourner autour de lui et satisfaire ses besoins. Cet individu là va exercer toute la panoplie d'outils pour obtenir ce qu'il veut : manipulation, mensonges, chantage, pressions, menaces, agressions et j'en passe. Ces comportements sont l'apanage des personnes qui ont été rejetées, abandonnées, pas acceptées, celles qui se sentent au fond inadaptées, pas sûres d'elles. Elles font souvent un transfert : par exemple, si elles se sentent coupables d'être énervées, elles vont accuser leur interlocuteur d'être énervé. Si peu confiantes dans leurs arguments, elles ne vont pas attendre la réponse de l'autre, mais vont prendre la fuite. Elles diront : 'j'arrête la discussion là, tu es vraiment trop énervé, je ne suis plus capable de supporter tes humeurs' … mais dans cette discussion elle est à bout d'argument, elle sent qu'elle perd du crédit, qu'elle perd le contrôle, elle veut avoir le dernier mot : "je ne te supporte plus..." mais c'est elle qu'elle ne supporte plus. Pour moi, avoir le dernier mot n'est pas un gage de "victoire" sur l'autre.
Si la personne n'a pas conscience de ses mécanismes ou refuse catégoriquement de se remettre en question, cet état impulsif perdurera tout au long des années, apportant son lot de négativité pour elle et pour les autres.
Martin Parmentier a décrit six modèles d'attitudes qui façonnent notre vision du monde et influencent nos pensées, nos sentiments et nos actions. Apprendre à les percevoir et à les différencier en nous-même et chez les autres c'est acquérir la capacité de mieux gérer les situations et de renforcer sa capacité à réagir juste.

Accueillir toute émotion, qu'elle soit positive ou négative (sans culpabiliser si elle est négative). Mais l'émotion détectée, analysée, une négociation intérieure intentionnelle et contrôlée va mener à l'action juste.
Je profite de cette réflexion (qui est toute personnelle et qui n'est pas une leçon), pour mettre le doigt sur un petit détail à propos du positif :

Etre positif, ce n'est pas toujours trouver tout très beau, tout bien, tout bisounours. Il est tout aussi important de savoir cibler les choses ou les personnes négatives. Les nier, c'est se mettre la tête dans le sable et cela ne fera pas avancer le schmilblick. On peut très bien dire de quelque chose que c'est négatif, que cela soulève un problème. On a même le droit de ressentir l'émotion désagréable qui va avec. Repérer et signaler le problème est important pour la suite : la négociation intérieure va permettre d'aborder le problème bien en face.
Face à une problématique, on peut se boucher les yeux, le nez et les oreilles et tenter de se dire : il n'y a pas de problème puisque (ou parce que) je suis quelqu'un de positif. On peut, mais ce serait se mentir à soi-même. Le problème est mis en arrière plan, mais il reste. Cette fuite n'amène pas de solution. Au fil des jours, au fil des ans, la valise à problèmes se remplit, jusqu'à ce qu'elle explose. C'est la dépression, le burn-out etc.
Ne rien dire, pratiquer le motus bouche cousue et faire comme s'il n'y avait pas de problème, c'est cautionner les mauvais fonctionnements et leur accumulation, c'est empêcher la soupape d'une cocotte minute de tourner. Quand la pression monte dans un environnement, fatalement il y a un moment où ce n'est plus gérable pour personne. Moins on en dit, plus on laisse les barrières s'ériger et plus on s'enferme. Vivre dans sa cage n'a jamais aidé l'homme à grandir. On apprend toujours de ses expériences, qu'elles soient positives ou négatives. c.f. ICI
On peut rarement changer les autres (en a-t-on le droit ?). et il y a des choses qu'on ne peut pas changer non plus. Par contre, on peut s'abstraire des "mécanismes par défaut" en ayant conscience de nos fonctionnements. Encore faut-il accepter de se regarder, de faire une introspection, c.f. ICI Il existe des méthodologies (instillées par des programmes de développement personnel ou proposés par des thérapeutes) qui aident à mieux se connaître, à prendre conscience des barrières qui entravent notre liberté (on les appelle les barrières limitantes) et à s'en abstraire. Maitriser sa colère, sa haine, son anxiété, etc... pour accéder au mieux être et à la sérénité.

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